Marche, Vol & Bivouac, par équipes de 2

Fly2Biv 2023 : Le récit de la team Orage oh désespoir

par Olivier Bricout

– Salut Oli ! Ça te dit qu’on s’inscrive à la fly2biv en juillet ? C’est une course amicale sur 3 jours organisée par le club Lans-en-l’air, le but est que chaque binôme rejoigne Grenoble en vol bivouac groupé à partir de Laragne.

– Allez ça part de là !

Celui qui m’a appelé c’est Olivier Peyre, qui depuis 3 saisons désormais partage mes délires parapentesques : vols bivouac, cross, auto-stop & fly, para-tyrolienne… Cette personne est un genre de « capteur à opportunités » : toujours deux idées d’avance, c’est parfois épuisant !!! Ma femme le déteste… (joke)

Le concept AMICAL de la fly2biv m’attire tout de suite : on ne parle pas de performance de vol ou de distance, mais de vol d’équipe, d’options collectives, de bivouac, et de convivialité. Et le système de points mis en place va dans ce sens : poser au plus proche de ton binôme en fin de journée, favoriser les déplacements non motorisés, et même arriver à Laragne sans ton véhicule pour limiter l’impact carbone.

JOUR 0 : Changement de destination

Rendez-vous donc le 6 juillet, j’arrive en blablacar de Grenoble, et Olivier en autostop d’Embrun. Notre nom de Team : Orage oh désespoir… Il se trouve qu’on va partager durant ces 3-4 jours la plupart de nos aventures avec la sympathique Team Dahuts, Hubert et David sont dans le même état d’esprit. Seulement ils n’ont jamais volé ensemble. Vince, Julien et Robin partageront aussi l’aventure, hors compétition.

Un briefing est proposé par les organisateurs : rappels du règlement, réglages des outils de tracking et de communication, et topo météo et topographique fait par un certain Karlis Jaunpetrovics (que j’étais le seul à ne pas connaître, c’est une pointure !). Et surtout on apprend que la destination n’est plus St-Hilaire-du-Touvet, mais Les Richards, compte tenu des prévisions météo. Moi qui rêvais d’enfin survoler le Vercors, ce sera pour une autre fois !

Briefing des 30 participants au camping de Laragne.

On charge durant la nuit les radios qu’on nous a prêté (je rentre pas dans les détails mais un vrai roman cette histoire de radio !!). Le lendemain : surprise, il n’y en a qu’une qui marche !! On décide qu’Olivier aurait la radio pour communiquer avec les copains, et moi je serai en lien avec lui uniquement via Zello, une appli mobile genre talkie-walkie qu’on utilisait l’an dernier.

JOUR 1 : Le verrou de Veynes

7 juillet 8h30, départ à pieds du camping de Laragne direction le déco de Chabre. Plus de 2h de montée dans des températures déjà élevée, on arrive au déco qui est déjà alimenté ! Il ne faut pas traîner, sous peine de ne plus pouvoir décoller.

L’ascension déjà bien ensoleillée, vers le déco.

Comme d’habitude, ma prévol prend un certain temps car je tiens à ne jamais la précipiter. Je suis très concentré car ça fait 2 mois que je n’ai pas volé et je suis en terrain inconnu. Olivier a aussi pas mal de nouveautés à gérer dans sa préparation. Si bien qu’on se retrouve bons derniers à décoller !

Vue vers notre terrain de jeu au Nord, et déco de Chabre.

Ça monte tout de suite pour ma part, j’atteins les 2000m sans trop de difficulté mais perds ce gain en voulant longer la crête de Chabre pour raccourcir la transition qui m’attendait. Si bien que j’ai perdu une partie de mon altitude quand je me lance plein nord, et j’arrive au niveau des arbres sur le Suillet (1324m) où je perds encore du temps à chercher l’ascenseur de sortie. Du coup les autres sont très loin devant, seul Olivier est encore derrière, il a décollé en dernier, et galère à s’extraire de Chabre. On n’est pas binôme pour rien !!

Un bon thermique me monte à 2700m, je decouvre le Buëch vu de haut. Je décide de zapper les antennes de Beaumont et rester au dessus des faces Est pour essayer de rattraper la grappe. Un petit appui sur la crête Est du Rocher de Jardanne, pour rejoindre l’Aiguille (1374m) ou un thermique me monte à 2300m. Suffisant pour effectuer la transition vers la montagne d’Aspres-sur-Buëch. Olivier m’a rejoint juste avant la transition. On retrouve enfin nos compagnons de départ, qui sont en train de travailler au dessus des crêtes d’Aspres dans un fort vent de sud qui couche complètement les ascendances ! Si bien qu’il faut se laisser décaler loin au nord derrière les crêtes pour rester dans les thermiques. Bref, on gagne 100m, on les reperd sous le vent d’un autre thermique, je n’arrive pas vraiment à exploiter ces conditions.

A 1900m, je décide de tenter la transition suivante. Karlis nous avait prévenu que le passage sur Veynes était complexe et qu’il fallait beaucoup de hauteur pour le passer. Je prends le risque d’un passage en rase-motte, plutôt que de passer une heure à m’épuiser pour un gain incertain.

Forcément j’arrive bas sur les premiers petits reliefs avant Veyne, et je me retrouve à exploiter tout ce qui se présente, au dessus de la forêt. A cet endroit la vallée se rétrécie et la forte brise s’amplifie par l’effet venturi. Ma priorité est alors d’avoir en finess une porte de sortie pour éventuellement poser. Je parviens à atteindre Veynes en m’appuyant sur les reliefs en dynamique jusqu’au Champerus (1236m). Puis je décide de transiter jusqu’au Rocher du Chillaret (1248m) pour également m’y appuyer en dynamique et cheminer ainsi.

Alors que la suite du vol semblait incertaine, je trouve un gros thermique bien pêchu qui trouvait sa source sur une zone sous le vent du Champerus. Non seulement je m’extrais enfin de ce trou à rat, mais je permets aux copains derrière, qui s’attendaient à me voir poser, de leur marquer le thermique. On est quelques-uns à se rejoindre à 2900m et on commence à se dire qu’aller bivouaquer sur Charance au dessus de Gap pourrait être une etape sympa.

Le passage étroit de Veyne, et plaf direction de Pic de Bure.

On transite vers la Tête de Vène (1716m), le relief avant La Roche-des-Arnauds. Et tandis que certains chopperont un thermique qui les montent jusqu’à 3400m, je ne ferai qu’un petit 2200m et décide d’aller m’appuyer sur la Clappe où je parviens à remonter à 2700m, suffisant pour la dernière transition vers la Croupe de Charance.

On a perdu du monde au fur et à mesure, mais on se retrouve quelques-uns (Olivier, Julien, Hubert, Quentin, et moi) à la Croupe de Charance, qui semble être notre déco idéal pour repartir le lendemain. Vince, David, et Robin nous rejoignent par les voies terrestres, ils ont posé vers Veynes. On tente même de redécoller vers 18h pour vérifier si les plafs permettent éventuellement la transition Gap-Ancelle. Mais l’activité a baissé, et après 30 minutes à essayer de monter au dessus du Pic de Charance, on décide d’aller poser sur un mamelon plat à 500m de la Croupe, qui sera notre spot bivouac idéal pour la nuit ! Olivier fait le show avec de jolis wagas sur la pente herbeuse dans une brise idéale pour ce genre d’exercice. Je ne tente pas de l’imiter, l’aventure est encore longue !

La Team Orage oh désespoir sur Charance, et spot bivouac du soir.

Le bivouac du soir est l’occasion de débriefer sur les conditions toniques du jour, les perspectives pour le lendemain, et surtout de s’inspirer des techniques de bivouac des uns et des autres : tarp, tente light, poncho multifonction, matos de bivouac, alimentation… certains choisissent de s’installer dans la forêt pendant que d’autres se mettent dans l’herbe la tête dans les étoiles… L’obscurité qui s’installe nous permet d’admirer l’orage électrique qui s’approche, confirmé par les radars de pluie. Nous aurons droit à quelques averses, mais la nuit sera réparatrice. Les autres teams sont disséminés un peu partout entre Aspres et Ancelle.

JOUR 2 : Une baignade entre 2 vols

8 juillet, on hésite entre décoller de la Croupe, ou du Col de Guizière, un peu plus haut en altitude et théoriquement mieux exposé en Est le matin. On opte pour la seconde option au prix d’une rando matinale bucolique. Alors qu’on prépare nos ailes à 1730m, au dessus de la Brèche de Charance, on voit des pilotes décoller de la Croupe et monter comme des flèches au dessus de nous !… 12h30 on se met tous en l’air, le vent est bien marqué Ouest, et nous vient de derrière ! Il est plus fort que prévu… La Croupe était la meilleure option, et on doit soigner nos gonflages pour décoller propre sous le vent.

Marche vers le déco du Col de Guizière.

Le site de Charance est généreux, et on se retrouve tous à 3000m au dessus de Gap. Le temps de faire quelques photos et d’admirer le gapençais. L’objectif est de poser au point de ralliement de la compèt : les alpages des Richards. On remonte donc la montagne de Charance vers le Nord en suivant les crêtes. Le vent d’Ouest est de plus en plus marqué et rend les thermiques compliqués et peu agréables. Certains vont travailler sur les faces Ouest vers le Pic de la Greysinière (1881m), moi je reste haut et m’épargne ces crêtes ventées.

Début de vol au dessus de Gap, et départ vers le Nord avant la transition.

Un dernier gain au Girolet, et on démarre tous notre transition vers le Champsaur et le Pic Queyrel, avec 3000m de gaz et un vent de cul. Malgré cela, la transition n’est pas si aisée ! Certains ne vont pas pouvoir raccrocher les contreforts du Queyrel et iront poser dans la vallée du Champsaur. Vince aura même la mauvaise surprise de voir au dernier moment qu’un discret câble situé à 4 mètre de hauteur traverse le champs dans lequel il est en train d’atterrir. Il est en final : trop tard pour changer sa trajectoire. Il enfonce les commandes, pose en décrochage, et se fait mal au poignet en mettant la main au sol. Verdict : 1 mois de plâtre, et un coéquipier qui ne sera plus avec nous pour la suite de l’aventure. Attention si vous posez vers la Fare-en-Champsaur !

On se retrouve à 3 à parvenir à remonter au Queyrel : Hubert, et notre binôme d’Oliviers inséparables. Hubert a exploité à merveille son extraction du Queyrel et a désormais une belle avance. Il confirme nos impressions de la veille que c’est un sacré bon pilote. Il se permettra même la transition vers le Piolit pendant que nous essayons tant bien que mal à exploiter des thermiques très cisaillés entre le sud en vallée, l’ouest en moyenne couche, et le nord au dessus.

Arrivés sur le Palastre (2279m), il est 14h15. C’est encore tôt pour aller poser au point de ralliement. Nous décidons donc de transiter vers Ancelle. L’idée est d’aller nous baigner dans le plan d’eau, redécoller le soir, retraverser la Vallée du Champsaur, et poser au bivouac final. Avec Olivier on pose à l’atterro des antennes, et planquons les ailes à l’écart sous un arbre. Hubert revient de sa visite de Piolit, qu’il décrira comme tonique dans le sens retour. Il pose au même endroit, et nous partons à pieds nous rafraîchir dans le plan d’eau.

Posé au déco d’Ancelle, pour une pause rafraîchissement.

Robin et Julien nous rejoignent par les voies terrestres, et David par les airs !!! Et oui, cet extraterrestre avait posé au pied du Cuchon de Molines lors de la 1ère transition. Il s’est tapé à pieds un +1500 de déniveler pour retrouver une zone décollable en altitude, et se remettre dans le game. Nous sommes bluffés par son physique et son mental, surtout que c’est sa première saison de vol, en voile EN-A. Le voilà qui arrive très haut sur Ancelle et pose comme une fleur au plan d’eau. Les 2 teams sont reconstitués, et on peut envisager le glide final vers l’arrivée.

Un glide final que l’on voit nous échapper… Grisé par le fait de tous se retrouver autour de ce plan d’eau, et de prendre des nouvelles de Vince, on n’a pas été assez attentif à l’heure. Il est 18h30 quand on retourne au déco des antennes, et les conditions commencent à baisser sérieusement. Les premiers en l’air parviennent à remonter la pente en dynamique. Hubert et moi ne parvenons pas à exploiter ces conditions minimalistes, on préfère poser et remonter à pieds pour décoller d’un point plus élevé. Hubert se remet en l’air, mais ça ne monte guère mieux. J’attends un cycle un peu plus prononcé pour me remettre en l’air. A force de patience, je parviens à gagner mètre par mètre. Je mets 10 minutes pour gagner 300m et rejoindre la biroute du Cuchon. Mais toujours pas assez haut pour retraverser la vallée du Champsaur et poser dans les alpages d’altitude sur le plateau de la Coche, derrière les Richards.

Olivier et Julien commencent leur transition, je pars de plus bas et les suis. Un dernier thermique sous le vent du Cuchon me permet de gagner les 50 mètres qui feront la différence. On pose tous les 3 à 19h30 dans un champ près du bivouac, heureux comme des gamins qui ont bouclé leur chasse aux trésors ! Hubert et David ont posé dans la Vallée, et vont remonter à pieds ! Ils ont tout notre respect.

Posé à 19h30 sur le plateau de la Coche, à coté du bivouac réunifié de la fly2biv.

Le spot de bivouac choisi par les organisateurs est situé sur le plateau de la Coche. On retrouve tous les participants dans une super ambiance ! Repas partagé, débriefe, remise des prix fournis par les sponsors, tout le monde a la banane et semble avoir kiffé ces 2 jours. Il faut dire qu’on a eu une fenêtre météo assez favorable, et un format de compétition suffisamment ouvert pour qu’on puisse tous s’exprimer en l’air et se faire plaisir. Pas de doute, l’an prochain on reviendra !

Concernant le classement amical anecdotique, on a fait un sans faute sur les points attribués et la Team Orage oh désespoir termine 1er ex-equo. C’est toujours sympa, et quelques part ça vient valider la belle symbiose de notre binôme depuis quelques années maintenant.

JOUR 3 : Les portes de l’Enfer

9 juillet, la compétition est officiellement terminée, mais il reste au sein des participants une belle dynamique collective pour poursuivre l’aventure vers le nord ! Certains choisiront le déco des Richards (1551m), d’autre celui du Col du Palastre (2186m) au prix d’une ascension de 2 heures. Nos 2 teams choisissent la 2èmeoption, le déco des Richards présentant des chances d’extraction plus aléatoire à notre goût. Cette fois-ci, l’option sera la bonne selon les retours qu’on a eu.

Cascades party, avant l’arrivée au Col du Palastre.

En arrivant au col (après quelques égarements et baignades dans les cascades), le déco est déjà bien alimenté. Chacun se prépare et se met en l’air. Je choisis un cycle fort pour être pris en charge immédiatement, mais le cycle était vraiment trop fort et je me fais reculer derrière le déco, avec en prime une roulade dans les pierres qui abîme ma doudoune. J’ai vraiment était mauvais sur le coup, dans mon pilotage de l’aile au sol, et dans mon choix du cycle. C’est la première fois qu’un sketch pareil m’arrive.

Je vérifie tout mon matériel, et me prépare à redécoller, bon dernier… Je choisis cette fois un cycle faible et me mets en l’air. Les autres sont déjà loin devant. Je n’aime pas trop les conditions sous Soleil Bœuf et chemine sans trop perdre d’altitude vers des pentes mieux orientées, jusqu’à la pointe du Lingustier (2359m), pour choppe un premier thermique exploitable qui me monte à 3430m. La vue est vraiment sympa, d’autant que le thermique m’a progressivement décalé au dessus du Vieux Chaillol, toujours aussi majestueux (souvenirs d’un vol-rando inoubliable en 2011).

Je commence seulement à rentrer dans mon vol, et à enclencher le mode « cross » après ce départ très moche. Les copains que j’ai encore en visu sont éparpillés, Hubert et Julien sont loin devant et très haut, Olivier et Robin très bas en dessous et la perspective donne l’impression qu’ils sont prêts à poser. Les autres je ne les ai plus en visu. Je constate à ce moment que ma radio n’émet et ne reçoit rien (et oui on a enfin pu récupérer nos radios qui marchent !), sûrement des séquelles de la roulade au déco. Cerise sur le vario, le live tracking qu’on utilise tous via xctrack ne fonctionne pas (serveur en panne apparemment). Bref je me retrouve totalement déconnecté des autres, et me lance vers le Nord en solitaire.

Mon joli plaf me permet de snober le Queyrel, qui la veille m’avait donné du fil à retordre. Je snobe également le Cuchon de Molines pour arriver vers 2600m sur les remparts sud du Banc du Peyron (2777m). J’y refais le plein à 3400m dans une aérologie toujours aussi complexe, un vent météo sud-ouest marqué, et de gros cisaillements verticaux et du +5 m/s fréquent.

La traversée de la vallée du Valgaudemar est toujours saisissante avec ses hauts sommets, et son cheminement vers le cœur du Parc des Écrins. L’arrivée sur le Grun de Saint-Maurice à 2500m me permet de retrouver un nouvel ascenseur impressionnant qui me monte au plaf du jour : 3955m ! Je suis dans la base du nuage, le spectacle autour est grandiose avec la Barre des Écrins qui semble si près !

Ce gain n’était pas de trop pour entamer la transition vers les atypiques alpages de la Salette, cette montagne de 2000m toute en rondeur et en verdure, et qui représente pourtant vrai défit. Bien m’en a pris de l’aborder « au vent » du sud-ouest. Cela m’a permis d’éviter de me retrouver dans une dégueulante. Je parviens en 2 temps à trouver une nouvelle pompe qui me monte à 3700m. C’est seulement la 2ème fois que j’effectue ce parcours, et je songe à passer au dessus de la Mure pour la suite.

Derrière, il me semble voir revenir Olivier et sa Swift jaune. Je suis content de voir qu’il a pu s’extraire de son point bas du départ. Je transite vers le Coiro, et on finit par enrouler un généreux thermique qui nous remonte à 3700m. C’est génial de se retrouver, après 2 heures de vol solo. On enroule ensemble et crions notre joie de nous retrouver. J’en profite pour bidouiller ma radio et débrancher le micro déporté, ça marche !! On est de nouveau en contact radio et cela va grandement nous faciliter la vie pour la 2ème partie du vol.

Car ces montagnes en direction de Chamrousse m’impressionnent ! Seul je n’aurais pas osé pénétrer dans cette vallée dont on ne voit aucune sortie, et qui avec ses montagnes abruptes et enneigées, et ses nuages denses, ressemble aux portes de l’Enfer. Et pourtant c’est bien dans le Paradis du Massif de Belledonne que nous entrons.

L’impressionnante entrée dans le Massif de Belledonne, et ses lacs d’altitude.

On se retrouve une petite grappe made in Fly2Biv à voler ensemble : Olivier P, David toujours aussi épatant, Valentin, Marion et Eric. Robin est plus loin à l’arrière, mais toujours en course. On remonte vers le Nord en enroulant les thermiques au dessus des crêtes, jusqu’au majestueux Taillefer (2857m). Que c’est magnifique !! Sans doute le moment le plus saisissant du vol, de se retrouver dans un environnement si laiteux, entre les barbules des nuages, les sommets enneigés, les lacs d’altitude, et au bas des vallées sombres et étroites.

Après un dernier plein à 3800m au dessus du Taillefer, on peut entamer la transition sur Chamrousse. C’est là que chacun prend des options différentes. Avec Olivier on est encore frais pour continuer le vol et remonter le massif de Belledonne. On envisage déjà un nouveau bivouac dans un lieu inspirant, et on avance plein Nord, bien poussés par le vent météo de Sud-Ouest très présent depuis le début du vol. La vitesse-sol est souvent autour des 55 km/h et le paysage défile de crête en crête. Les lacs d’altitude sont magnifiques, et les couleurs commencent à changer. On décide l’option « hauts-reliefs à droite » plutôt que les avant-reliefs de Belledonne où Valentin nous dira qu’il n’a rien trouvé et qu’il du poser. On arrive assez rapidement sur le Grand Replomb (2506m), et ainsi de suite jusqu’au Rocher d’Arguille (2885m) de quoi refaire le plein au nuage dont la base est encore à 3500m. Rebelote à Comberousse (2866m). On passe Allevard et jouons un moment sur les alpages de la Crête des Mollards, qui nous tend les bras pour un bivouac avec son petit lac d’altitude et ses chalets. Après concertation radio, le pragmatisme nous rattrape et nous sort de nos rêveries : nos instruments de vol et radios sont déchargés, une nuit avec du 220 volts devient indispensable.

Quitte à poser dans la civilisation, on se dit qu’une nuit à Grenoble à retrouver les copains c’est aussi très sympa. Et pour le retour en stop, Olivier est un As et connaît tous les endroits stratégiques. On quitte le massif de Belledonne pour aller poser à Saint-Pierre-d’Albigny près de la station service après 4h50 de vol, avec le luxe d’une baignade dans le plan d’eau. Une chaleur étouffante nous saisit au sol, il parait que c’est canicule, nous on est déconnecté du monde depuis 4 jours ! Et surtout, on était bien au frais en altitude.

Posé à St-Pierre-d’Albigny pour une baignade et un retour en stop.

Retour efficace en stop en 2 voitures pour notre QG de Grenoble où l’on retrouve Vince, Julien et Robin qui a réussi à poser à Saint-Hilaire-du-Touvet ! Il y a retrouvé David, qui avec sa voile EN-A nous a une fois de plus époustouflé ! Ainsi que son binôme de la Team Dahuts, Hubert, qui posera à Chambéry avec toute notre admiration.

PS : certaines photos sont d’un peu tout le monde, désolé de ne pas savoir citer les auteurs.

Trace J1 : https://www.xcontest.org/world/fr/vols/details:Oli_B_Tequila4/7.7.2023/10:44

Trace J2 : https://www.xcontest.org/world/fr/vols/details:Oli_B_Tequila4/8.7.2023/10:30

Trace J2 : https://www.xcontest.org/world/fr/vols/details:Oli_B_Tequila4/8.7.2023/17:07

Trace J3 : https://www.xcontest.org/world/fr/vols/details:Oli_B_Tequila4/9.7.2023/11:16

JOUR 4 & 5 : Se dire au revoir en haut d’une montagne

10 juillet après-midi, direction le Trièves avec Olivier, puisque je dois retourner dans le Var. L’idée était de décoller de Courtet pour rejoindre en vol les Chalets de Rochassac situés 400m au dessus, pour un bivouac face à l’Obiou. Il est 18h30 quand on se met en l’air, on voit que les conditions sont devenu très moles, et notre projet devient vite illusoire. Finalement on pose, et à 20h30 on se retrouve sacs sur le dos à démarrer notre ascension à pieds pour un +700m. On arrive à 22h30 aux chalets situés à 1690m, pour découvrir un petit coin de paradis pour bivouaquer. On aurait adoré y atterrir, mais le dieu Éole en avait décidé autrement.

11 juillet, un vent de sud-ouest forcissant en milieu de matinée est annoncé. Après avoir bien profité des lieux, on entame la dernière marche vers le Col de l’Aiguille. On trouve notre déco du jour à 2000m d’altitude. Là-haut le panorama est grandiose, avec le Vercors à l’Ouest, le Valbonnais à l’Est, le Chatel au Nord, et le Dévoluy au Sud.

Le moment est insolite car du sommet, on va décoller chacun dans des directions opposées : Olivier va rejoindre sa copine à Corps et décolle coté Est, tandis que je décolle coté Ouest pour rejoindre l’atterro de Courtet où ma voiture m’attend pour me redescendre dans le Var. C’est sur ce dernier clin d’œil parapentesque que se termine notre trip. L’été commence excellemment bien !!

Un dernier déco au Col de l’Aiguille, chacun de son coté…

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